Essayage de robes en vue de la fête

Je précède de peu Juliette en entrant dans sa chambre. Orfèvre s'est effacé devant nous, nous laissant le passage libre, et il reste dans le couloir, sa tête massive passant juste par la porte. Je reste plantée au milieu de la pièce, résignée. Je déteste les séances d'essayage. Je sens que le canasson à très envie de rigoler, mais la menace du ruban rouge planant, il n'a pas vraiment envie de me voir en colère contre lui. Je peux le comprendre... Quoi de plus moche qu'un ruban rouge?
L'autre l'ouvre quand même
"Ma grande, si une des robes qu'elle te présente à un ruban rouge, je ne répond plus de mes actes" me fait-il parvenir par la pensée, une étincelle malicieuse dans ses beaux yeux gris perle.
"Moi non plus" maugréé-je en lui jetant un regard noir, chargé de promesse de vengeance.
Il retrousse la la lèvre supérieure -sa manière, en l'instant, de me tirer la langue- puis rentre en fin dans la chambre. La porte se referme avec un soupir de soulagement, apparemment, elle n'aime pas rester ouverte. Puis mon compagnon d'âme secoue ses deux mètres de muscles et d'os en direction de Juliette, avant de poser sa tête dans son dos et de la pousser doucement en direction d'une gigantesque armoire. J'aimerai parfois qu'il fasse preuve d'autant de délicatesse avec moi qu'avec elle. Une fois, pour me montrer les résultats d'une expérience dont je n'avais as grand chose à cirer, il m'a trainé dans tous le laboratoire, qui est relativement gigantesque, par le col de ma chemise. Et c'est pas franchement agréable.
Juliette se retrouve coincé entre sa garde robe et trois quart de tonnes d'équidé idiot. Il ne faut pas être un génie pour savoir la direction qu'elle va prendre.

Une à mon gout? Ah ben oui.
-Sans ruban rouge, c'est tout ce que je demande.
Orfèvre fait une moue de cheval déçut. Je me suis hissée sur don dos, en sac à patate, et je regarde le lit par dessus son épaule.
-Sans ruban rouge, sans trucs qui brillent trop fort et font gling-gling, et qui soit facile à faire passer par les portes étroites.
Mon canasson s'ébroue, et je glisse de vingt centimètres. J'ai compris le signal, il se bouge. Et alors qu'il recule je passe sous son encolure pour m'approcher du tas d'étoffes soyeuses entreposées sous mes yeux. Il y en a de toutes sortes, de toutes les couleurs, de toutes les tailles.
-Et... Tu les a déjà toutes portées? Parce que je crois qu'en en mettant une par jour, j'aurais pas encore vécu assez longtemps pour toutes les essayer.
Orfèvre fait claquer sa mâchoire puissante près de mon oreille, et me rappelle télépathiquement:
"Officiellement tu as dix-sept ans, cervelle de Spachoune. T'as son age, donc, à quelques mois près!"
Je déglutit, j'ai fait une gaffe. Qui peut encore passer pour une plaisanterie. Je souris comme à une bonne blague, puis déclare en écartant les bras:
-Je n'ai fichtrement aucune idée de quelle robe choisir. Tu as une préférence, toi?

Je me penche vers les robes étalées sur le grand lit.
-Prends en dans les tons sombres, me dit Orfèvre à l'oreille. Le noir te vas bien, et tu serai assorti à ma robe.
J'en attrape une bleue, à volants, perles, trucs, et tout le reste. Elle doit peser au moins une demi tonne. Je la ramène contre mes épaules, me tourne vers lui et lui susurre:
-Et si je mettais plutôt celle là? Ensuite, il suffirait de demander à Juliette de t'assortir au tissu et tout sera réglé.
Il expire bruyamment par les naseaux.
-Tu aurais l'air d'une gamine là dedans. Prend du noir. Du sombre. De l’inquiétant. Tu es trop légère depuis notre arrivée. Ça fait trop longtemps que tu n'as pas été chasser, et tu perds ton instinct de chasseur. Inquiète les tous. Ils ne viendront pas t’embêter, comme ça.
Et il ajoute à voix basse:
-Et on évitera les accidents comme celui qui est arrivé avec Juliette./[b]
Ah oui. Ce canasson ne partage pas seulement mon âme. Il est mon ainé et me sert aussi de chaperon.
Je me tournes vers la porte et hausse la voix:
[b]-Juliette, en noir, tu as quoi?